Apaiser le bruit intérieur

Apprendre à apprivoiser la voix critique en soi

Est-ce que ça t’est déjà arrivé de vouloir te retrouver un peu seul(e), de poser ton téléphone, de couper la musique ou de faire une tâche simple sans bruit autour… et pourtant, de te sentir envahi(e) par un brouhaha intérieur ? Tu avais peut-être juste envie de te recentrer, de souffler un peu, mais ce que tu entends alors, ce n’est pas le calme. C’est cette voix dans ta tête, qui critique, qui doute, qui ressasse. Et au lieu d’un moment de paix, tu te retrouves face à toi-même, et ce n’est pas si paisible que ça.

Ce bruit-là, on le connaît presque tous. Il est fait de pensées qui tournent en boucle, de jugements sur nous-mêmes, de peurs parfois. Et plus on essaie de fuir le vacarme extérieur, plus ce bruit intérieur semble fort. Peut-être même que ces pensées te disent “Tu n’en fais pas assez”, “Tu perds ton temps”, “Tu n’y arriveras jamais”. Et ce qui devait être un moment de retour à soi devient de l’auto-sabotage. Pourquoi est-ce si difficile de simplement être avec soi-même ? Et comment apprendre à faire taire cette voix qui nous éloigne de nous, au lieu de nous ramener vers notre centre ?

L’anxiété déguisée en discours intérieur

Ce phénomène est souvent lié à l’anxiété. L’esprit anxieux a horreur du vide. Il tente de le remplir de scénarios catastrophes, de doutes, de reproches. Cela crée ce qu’on appelle en psychologie le "ruminative thinking" (pensées ruminantes), une forme de pensée circulaire qui ne mène pas à des solutions, mais tourne en boucle sur les mêmes thèmes : souvent l’échec, l’impuissance, la peur du rejet, la comparaison.

Plus on essaie de “faire une pause”, plus cette voix peut s’intensifier. Laisse-moi te donner une explication : dans l’agitation quotidienne, nos préoccupations restent enfouies sous les tâches, les écrans, les distractions. Mais dans le silence… elles remontent. Alors une fois que ton cerveau a l’opportunité de te parler “en tête-à-tête”, il profite de cette occasion pour parler “à coeur ouvert”, jusqu’à bien souvent extrapoler.

🫂 Ce n’est pas une preuve que tu vas mal. C’est une preuve que tu as mis le doigt sur quelque chose d’important. Ton monde intérieur ne demande pas à être fui. Il demande à être écouté, mais autrement.

La voix critique : une construction, pas une vérité

Le problème est que lorsque l’on entend nos propres pensées, on part automatiquement du principe que ces pensées sont vraies. Mais nous avons tort : nos pensées ne reflètent pas toujours la réalité. Cette voix intérieure qui te juge n’est pas “toi”. C’est une partie de toi, façonnée au fil du temps. Par ton histoire, tes expériences, les regards extérieurs, la société aussi. Elle s’est construite pour te protéger, mais elle le fait maladroitement.

Selon la thérapie des schémas ou la thérapie d’auto-compassion (Kristin Neff, 2003), cette voix intérieure critique est souvent issue de blessures anciennes : peur de décevoir, besoin d’être parfait(e) pour être aimé(e), croyance qu’il faut mériter sa valeur. Elle agit comme une sorte de gardien, un peu trop strict, qui pense qu’en te critiquant, il te poussera à t’améliorer. En réalité, il t’épuise.

Apprendre à faire taire (ou plutôt : apaiser) cette voix

La clé n’est pas de “faire taire” cette voix, mais de ne plus lui donner tout le micro. Elle peut exister, mais elle ne doit plus diriger le dialogue intérieur. Voici quelques pistes concrètes pour y parvenir :

En conclusion, se retrouver, ce n’est pas toujours paisible… mais c’est vital. C’est une forme de retour à la maison. Mais ce retour demande du courage. Car parfois, cette maison est remplie de souvenirs, de mots durs, de blessures encore ouvertes. Alors oui, le silence peut faire mal. Mais il est aussi le seul espace où l’on peut vraiment se réparer.

Apprendre à vivre avec sa voix intérieure, c’est comme apprivoiser un animal sauvage. Cela demande patience, bienveillance, présence. Ce bruit intérieur, aussi envahissant soit-il, n’est pas là pour te détruire. Il parle souvent de tes peurs, de tes blessures, de tes besoins non entendus. Et plus tu apprends à l’écouter avec douceur, plus il se transforme. Il devient un guide, un messager, parfois même un allié.

Alors non, tu n’as pas à être en paix parfaite avec toi-même pour être bien. Tu as juste besoin d’un peu plus de silence pour t’entendre vraiment. Et ça, c’est déjà un immense pas vers toi.

Prends soin de toi 💚

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